LXXVIII-Spleen | Baudelaire
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
(Les Fleurs du Mal)
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
(Les Fleurs du Mal)
Rimbaud à Verlaine (4 juillet 1873)
Londres, vendredi après-midi.
Reviens, reviens, cher ami, seul ami, reviens. Je te jure que je serai bon. Si j'étais maussade avec toi, c'est une plaisanterie où je me suis entêté, je m'en repens plus qu'on ne peut dire. Reviens, ce sera bien oublié. Quel malheur que tu aies cru à cette plaisanterie. Voilà deux jours que je ne cesse de pleurer. Reviens. Sois courageux, cher ami. Rien n'est perdu. Tu n'as qu'à refaire le voyage. Nous revivrons ici bien courageusement, patiemment. Ah ! je t'en supplie. C'est ton bien, d'ailleurs. Reviens, tu retrouveras toutes tes affaires. J'espère que tu sais bien à présent qu'il n'y avait rien de vrai dans notre discussion, l'affreux moment ! Mais toi, quand je te faisais signe de quitter le bateau, pourquoi ne venais-tu pas. Nous avons vécu deux ans ensemble pour arriver à cette heure là ! Que vas-tu faire ! Si tu ne veux pas revenir ici, veux-tu que j'aille te retrouver où tu es ?
Oui c'est moi qui ai eu tort.
Oh tu ne m'oublieras pas, dis ?
Non tu ne peux pas m'oublier.
Moi je t'ai toujours là.
Dis, réponds à ton ami, est-ce que nous ne devons plus vivre ensemble ?
Sois courageux. Réponds-moi vite. Je ne puis rester ici plus longtemps.
N'écoute que ton bon coeur. Vite, dis si je dois te rejoindre.
à toi toute la vie.
Rimbaud
Vite, réponds, je ne puis rester ici plus tard que lundi soir. Je n'ai pas encore un penny, je ne puis mettre ça à la poste. J'ai confié à Vermersch tes livres et tes manuscrits.
Si je ne dois plus te revoir, je m'engagerai dans la marine ou l'armée.
O reviens, à toutes les heures je repleure. Dis-moi de te retrouver, j'irai, dis-le-moi, télégraphie-moi — Il faut que je parte lundi soir, où vas-tu, que veux-tu faire ?
Londres, vendredi après-midi.
Reviens, reviens, cher ami, seul ami, reviens. Je te jure que je serai bon. Si j'étais maussade avec toi, c'est une plaisanterie où je me suis entêté, je m'en repens plus qu'on ne peut dire. Reviens, ce sera bien oublié. Quel malheur que tu aies cru à cette plaisanterie. Voilà deux jours que je ne cesse de pleurer. Reviens. Sois courageux, cher ami. Rien n'est perdu. Tu n'as qu'à refaire le voyage. Nous revivrons ici bien courageusement, patiemment. Ah ! je t'en supplie. C'est ton bien, d'ailleurs. Reviens, tu retrouveras toutes tes affaires. J'espère que tu sais bien à présent qu'il n'y avait rien de vrai dans notre discussion, l'affreux moment ! Mais toi, quand je te faisais signe de quitter le bateau, pourquoi ne venais-tu pas. Nous avons vécu deux ans ensemble pour arriver à cette heure là ! Que vas-tu faire ! Si tu ne veux pas revenir ici, veux-tu que j'aille te retrouver où tu es ?
Oui c'est moi qui ai eu tort.
Oh tu ne m'oublieras pas, dis ?
Non tu ne peux pas m'oublier.
Moi je t'ai toujours là.
Dis, réponds à ton ami, est-ce que nous ne devons plus vivre ensemble ?
Sois courageux. Réponds-moi vite. Je ne puis rester ici plus longtemps.
N'écoute que ton bon coeur. Vite, dis si je dois te rejoindre.
à toi toute la vie.
Rimbaud
Vite, réponds, je ne puis rester ici plus tard que lundi soir. Je n'ai pas encore un penny, je ne puis mettre ça à la poste. J'ai confié à Vermersch tes livres et tes manuscrits.
Si je ne dois plus te revoir, je m'engagerai dans la marine ou l'armée.
O reviens, à toutes les heures je repleure. Dis-moi de te retrouver, j'irai, dis-le-moi, télégraphie-moi — Il faut que je parte lundi soir, où vas-tu, que veux-tu faire ?
Arthur Rimbaud
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
在蓝色的夏夜,我将走在小路上,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue:
被小麦刺到,踩踏细草:
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
幻想,我感受到脚上的凉爽
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
我让风浸没我裸露的头。
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
我将什么也不说,什么也不思考:
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
只有无限的爱将在我灵魂中升起,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
我将走远,很远,像个波西米亚人,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
出于本性,——幸福得像跟女子一起。
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
在蓝色的夏夜,我将走在小路上,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue:
被小麦刺到,踩踏细草:
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
幻想,我感受到脚上的凉爽
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
我让风浸没我裸露的头。
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
我将什么也不说,什么也不思考:
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
只有无限的爱将在我灵魂中升起,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
我将走远,很远,像个波西米亚人,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
出于本性,——幸福得像跟女子一起。
✋热门推荐